Retraite bien méritée pour Françoise Personeni

Françoise Personeni, enseignante de Lettres Histoire Géographie EMC, a dit au revoir à la grande « Famille Darche » le mois dernier puisqu’elle est partie en retraite. En toute sobriété, Estelle Pazzaglia avait organisé une petite réception aux Anthocyanes, le 27 novembre dernier, avec – pour cause de Covid – un public restreint qui lui a fait honneur.

Françoise Personeni a d’abord exercé en Lycée Professionnel à Réhon puis à Mont-Saint-Martin, ces deux anciens centres d’apprentissage, faisant partie de l’entité EMOM-ETPBL (École des Maîtres Ouvriers en Métallurgie – École Technique Privée du Bassin de Longwy), devenue par la suite AFOREST-CEFASIM. À partir de septembre 1995 et pendant trois années, elle a enseigné au Lycée de l’Aviation, dépendant du Lycée Alfred Mézières de Longwy. Enfin, elle est arrivée au Lycée Darche en septembre 1998 où elle n’a pas cessé d’exercer jusqu’en novembre dernier.

Très émue et gâtée par les cadeaux offerts, Françoise Personeni a prononcé un discours concernant son travail, son métier et toutes les années qu’elle a passées à enseigner au sein de l’Éducation nationale. Elle a gentiment accepté que ce texte soit publié ici.

Au revoir et merci Françoise, et profite bien de tes « grandes vacances » amplement méritées !

 

RESSOURCES HUMAINES

Chers amis,

Je suis un peu surprise (enfin, c’est ce qu’on dit d’habitude) d’avoir été élue pour recevoir le « César de la Retraitée de l’année ». En même temps, je n’avais pas trop de concurrence. Alors, cela tombe bien parce que j’avais préparé un petit discours à votre attention, au cas où …

Je suis très touchée par cette récompense que m’a décernée l’Académie, et je voudrais adresser mes remerciements à tous ceux qui m’ont permis de faire mon actrice et parfois ma réalisatrice, dans les salles de cours, pendant toutes ces années.

Tout d’abord, je pense, à cet instant, à mes poupées et à mon ourson à qui je faisais l’école toute petite, et qui ont accepté, sans broncher, mes cours de lecture et d’écriture, les bons points mais aussi les zéros et les punitions. Les pauvres ! Je leur dois tant de ma vocation….

Ensuite, mes pensées se tournent vers mes parents qui ont tout fait pour me donner les moyens d’étudier sereinement et qui m’ont encouragée à me construire un avenir. Merci à ma famille, mon mari, mes enfants qui m’ont souvent vue disparaître pour travailler mes créations et qui l’ont accepté avec patience. Merci à mes petits – enfants qui vont me permettre de recommencer à zéro et de reprendre mon métier par le début.

Merci aux livres, au cinéma, au patrimoine de notre beau pays mais aussi d’ailleurs, pour m’avoir tellement inspirée et m’avoir ouvert les yeux sur le monde tel qu’il est. Et, la bonne nouvelle, c’est que je suis loin d’en avoir fait le tour !

Je voudrais remercier les décorateurs qui ont permis à mes films de s’être souvent déroulés parmi les vieilles pierres, dans des endroits chargés d’histoire, et qui pour cela, possèdent un charme particulier. Je pense ainsi aux anciens centres d’apprentissages devenus des Lycées Professionnels ou aux bâtiments patronaux de la Sidérurgie longovicienne, que j’ai pu fréquenter pendant des années, et qui ont vu défiler des générations de jeunes se destinant à des professions industrielles et … des moins jeunes en reconversion professionnelle, dans une période tendue et difficile. Je pense à la Caserne Ordener, où les soldats de la vieille époque ont laissé la place aux lycéens de la « Planète Darche », qui évoluent, quant à eux, dans les secteurs du tertiaire, pour savoir préparer de bonnes tables ou apporter soins et assistance aux personnes. Et, pour moi, ce furent toujours des scènes réinventées dans ces mondes si différents.

Merci aux éclairagistes pour m’avoir apporté leur lumière dans les phases de doute et d’introspection personnelle …

Merci aux ingénieurs du son qui ont fait disparaître de mes plateaux de cinéma, la résonance des anciennes salles voûtées, pour m’apporter une acoustique de rêve et me permettre de parler sans m’égosiller.

Merci à ma maquilleuse qui se trouve malheureusement, depuis quelque temps, au chômage partiel depuis que je porte le masque.

Merci à mon Agence principale, la Grande Éducation nationale, « Mammouth Corporation », comme dirait un collègue (il se reconnaîtra) pour m’avoir fait confiance. Avec la difficile mission de transmettre, d’apprendre et d’apporter ma petite pierre à l’édifice de la culture et de la citoyenneté.

Merci à ma productrice qui s’est toujours montrée bienveillante et à l’écoute mais qui n’a pas pu être présente cet après-midi.

Merci à mon public qui m’a suivie fidèlement. Je ne parle pas de ceux qui se sont trouvés, parfois dans les bras de Morphée, couchés confortablement sur leur table, fatigués qu’ils étaient de ne pas pouvoir tout faire en même temps. Vivre leur vie et m’écouter. Non, je parle de ceux qui se sont montrés très attentifs, qui ont suivi mes histoires jusqu’au bout et qui ont même voulu ajouter leur grain de sel dans le scénario. C’est à eux que je dois tout, pour être restée si longtemps sur les écrans.

Merci aux membres de la grande équipe à laquelle j’appartiens et qui, à tout niveau, m’ont apporté leur collaboration, leurs idées, leur soutien parfois. J’ai vraiment apprécié leur bonne humeur et leur entrain.

Par contre, je ne remercierai pas du tout, Monsieur Covid, c’est comme cela que je l’appelle, pour m’avoir contrainte à opérer des coupures et à réécrire mes textes plusieurs fois, au pied levé, afin de pouvoir assurer une retransmission à distance ou pas, lors de mes spectacles.

 

Enfin, un grand merci à notre Maîtresse de Cérémonie et à ses assistants, merci à nos techniciens de la mise en scène et du bon goût, à leurs petites mains pour nous avoir concocté une sympathique réunion de fin de tournage.

Quant au trophée que vous m’avez décerné, il pourra se trouver en bonne place sur une cheminée mais plus encore dans mon cœur.

« Je pense que la prise est bonne. Alors, Clap de fin. Coupez ! »

Merci à tous !

 

Françoise Personeni

 

 

Visuels par Anne-Sophie Ollier

et chapeau, photographies et mise en page par Jean-Raphaël Weber