Direction Céline Soulignac

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À la fois épanouie, dynamique et radieuse, Céline Soulignac est une ancienne élève de la section d’ASSP du Lycée Darche, exerçant actuellement en tant que responsable de site du restaurant Buffalo Grill de Lexy. Retrouvailles avec celle devenue aujourd’hui formatrice de certains de nos apprentis stagiaires du GRETA Lorraine Nord antenne de Longwy et qui a bien voulu accepter de témoigner de son parcours professionnel original dans un entretien à lire ci-dessous…

– Bonjour Céline, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Je m’appelle Céline Soulignac, je suis native de Mont-Saint-Martin, j’ai 26 ans et actuellement, je suis responsable de site du Buffalo Grill de Lexy.

– Quelle a été votre formation professionnelle ?

J’ai obtenu un Bac Pro ASSP en Structure avec une mention assez bien en juillet 2014 et ensuite, j’ai voulu suivre une formation d’éducatrice spécialisée en Belgique. Mais le Bac Pro français n’étant pas reconnu en Belgique, il fallait donc y valider une équivalence de deux années d’études. C’est la raison pour laquelle, j’ai fait un an d’aide à domicile en France. Et après cette année-là, je me suis inscrite en 1ère année de master en faculté de Psychologie à l’université de Lorraine, à Metz au Saulcy. Pour financer mes études, j’ai commencé à travailler durant les week-ends au restaurant La Criée à Mont-Saint-Martin, en tant que serveuse alors que j’avais postulé pour y faire la plonge. Mais au bout de six mois de fréquentation de la fac, je me suis rendue compte que la restauration me plaisait davantage que des études longues et j’ai donc voulu signer pour un CDI à temps complet dans ce restaurant.

– Comment s’est passée la suite ?

J’ai été formée « sur le tas », c’est-à-dire, face aux clients. Après cette formation, j’ai travaillé durant une année à La Criée où j’avais des clients habitués.

Ensuite et pour des soucis d’organisation et d’encadrement, j’ai choisi de partir en postulant au Buffalo Grill de Lexy pour dépanner. Je dois vous confier que j’étais tentée par le Luxembourg où j’étais prise dans plusieurs restaurants dans le nord du pays, et j’ai refusé les offres qui m’avaient été proposées.

– Et ?

Même chose qu’à La Criée : une formation spécifique au Buffalo Grill de Lexy où les process sont différents. J’ai travaillé alors six mois en tant que serveuse et j’ai eu l’opportunité de passer leadeuse de salle. On retourne alors sur une formation leadeuse de salle. J’ai exercé cette activité durant six mois environ. Et ensuite, on m’a fait passer en tant qu’assistante serveur. Je suis restée à ce poste au moins deux ans.

– Que s’est-il passé après ?

Ensuite, j’ai fait le choix de m’en aller travailler à Luxembourg, au restaurant Le Square. J’y ai travaillé sept mois. Après, j’ai pris la décision de partir parce que les promesses que l’on m’avait faites n’ont jamais été tenues. J’ai alors pris mon courage à deux mains pour envoyer un courriel au franchisé afin de lui demander s’il voulait bien me reprendre… Je recherchais un poste d’assistante de direction. J’ai passé un entretien avec lui au Buffalo Grill d’Amnéville puisque c’est aussi l’un de ses établissements. Et j’ai fini par être réembauchée comme assistante de direction ! Et quelques mois plus tard, le directeur d’alors étant parti, on m’a proposé sa place !

– Avec l’expérience qui est désormais la vôtre, quelles sont les compétences nécessaires pour diriger un restaurant comme le Buffalo Grill ?

Je dirais dans l’ordre : la passion, l’organisation, l’assiduité et la direction d’équipe avec une bonne dose de diplomatie et aussi la gestion des stocks.

– Quelles sont les difficultés rencontrées à travers ce métier ?

Je pense d’emblée à la gestion des absences du personnel. On constitue une véritable équipe et la défection d’une seule personne au moment du service peut déstabiliser l’organisation générale. Tout ce qui relève du planning, des commandes nécessite beaucoup de temps et d’organisation. Autre écueil, celui de la perte des matières premières, je vous donne quelques exemples, un retour de surcuisson va nous obliger à refaire une viande, ce qui va nous causer une perte sèche. De la vaisselle ou des instruments de cuisine cassés occasionnent des frais supplémentaires !

– C’est la première fois que vous êtes formatrice d’apprentis et de stagiaires, comment le vivez-vous ?

Bien ! (rires) Je pense que c’est une formation qui montre bien le milieu professionnel ! On est en plein dedans ! Cette formation est complète. Par exemple pour un jeune comme Noah qui est apprenti manager, j’essaie de lui montrer tous les aspects du métier ! Il a déjà vu les commandes, les plannings, les réceptions, les postes en cuisine, le bar, etc.

– En quoi la formation ASSP vous a-t-elle aidé dans votre métier actuel de responsable de site de restaurant ?

Je pense que cela m’a aidé à me tenir davantage à l’écoute des clients.

– Quelle est la situation de la restauration sur Longwy ?

Étant donné qu’il n’y a pas beaucoup d’établissements aux alentours, on a la chance d’avoir pas mal de clientèle !

– Comment expliquez-vous le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de restaurants dans le secteur ?

Je pense que c’est la proximité avec le Luxembourg qui décourage les entrepreneurs. Il devient difficile de s’implanter sur Longwy parce que c’est une petite ville. On a la chance d’avoir l’enseigne Buffalo Grill et cela nous aide beaucoup.

– On entend dire ça et là qu’il y a bien du travail pour ceux qui le veulent. Comment expliquez-vous que vous ayez du mal à recruter des personnes motivées ?

Je crois que la période du COVID nous a mis une « grosse claque » parce que les gens ont eu tendance à rester chez eux et qu’ils ont fini par y prendre goût… Pendant le confinement, beaucoup de gens ont eu droit à des formations de prothésistes ongulaires ou de techniciennes de cils. Cette situation a favorisé le fait que les personnes changent de voie professionnelle. La restauration a ses exigences (le service en coupure) et explique le fait que nous ayons des difficultés à recruter, sans parler des personnes qui ne se présentent pas aux entretiens d’embauche, sans même donner une explication !

– Avez-vous le temps d’avoir des hobbies ?

Non, je n’ai pas vraiment le temps car le travail m’en prend beaucoup et que le téléphone a tendance à sonner tout le temps, même en repos. Mais j’aime tellement ce que je fais au travail que la pratique d’une activité physique ou de n’importe quel autre loisir ne me manquent pas ! À partir du moment où je peux disposer d’une ou de deux soirées de répit avec mon conjoint et ma famille, cela me convient !

– Pour finir, quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux jeunes qui vont nous lire, pour réussir leur vie professionnelle ?

Je pourrais leur dire de toujours croire en eux, de se donner à fond pour réussir à avoir ce qu’ils veulent et de sauter sur les occasions qu’ils auront. La chance, on ne la trouve pas, on la provoque !

Louis Pasteur par Paul Nadar – domaine public

– Je voudrais rebondir sur cette réponse en citant Pasteur : « Le hasard ne favorise que les esprits préparés. » Je vous dis un très grand merci pour cet entretien, bravo pour votre parcours professionnel et bonne chance pour la suite !

Mise en page,

Photographies, visuel Internet,

entretien préparé et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber

le 15 octobre 2024