Être CMIL en lycée… quèsaco ? Un portrait de Damien Widloecher

 

 

Damien Widloecher est chargé de la maintenance informatique des lycées pour le compte de la Région Grand Est. Damien a gentiment accepté de répondre à nos questions dans le cadre de ce rendez-vous mensuel consacré à une « ressource humaine » de notre école. Résultat : la découverte d’une profession intéressante et méconnue, à retrouver ci-dessous…

 

 

 

RESSOURCES HUMAINES

 

 

– Bonjour Damien, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Damien Widloecher, j’ai 36 ans, je suis marié, j’ai deux enfants et j’habite à Sainte-Marie-aux-Chênes.

– Quelles sont tes passions ?

Je pratique le handball au club d’Homécourt Handball, évoluant en prénationale et je m’occupe de mes enfants (2 ans et demi et 9 mois).

– Quelle est ta mission chez nous ?

Je suis « CMIL » ! C’est-à-dire Chargé de Maintenance Informatique des Lycées pour le compte de la Région Grand Est. À ce titre, j’ai la responsabilité de gérer le parc informatique de trois établissements scolaires du secteur, à savoir le Lycée Darche de Longwy, le Lycée Jean-Marc Reiser de Longlaville et le Lycée Jean Zay de Jarny.

 

– Quel est ton employeur ?

Je travaille pour le compte de la Région Grand Est. Avec l’acte III de la décentralisation datant de 2013, sous la présidence de la République de François Hollande, ce sont les régions qui ont eu la compétence de gérer les lycées, notamment leur parc informatique pédagogique. Mais pour ce qui relève des parcs informatiques des administrations de ces lycées, c’est encore le rectorat qui en a la charge.

– Comment es-tu arrivé à ce poste ? Quelle est ta formation au départ ?

Je suis titulaire d’un baccalauréat SI (sciences de l’ingénieur) obtenu au Lycée Louis Bertrand de Briey en 2004. J’ai validé ensuite un BTS IRIS (Informatique et Réseaux dans l’Industrie et les Services techniques) suivi en alternance au CFA du Lycée Jean Zay de Jarny, en 2006. Après cela, j’ai passé en 2007 une Licence professionnelle Système Informatique et Logiciels spécialité Métiers de l’Administration des Systèmes et des Réseaux à l’IUT de Metz. Et ensuite, je me suis fait embaucher en tant que AED TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) au Lycée Jean Zay.

Lycée Jean Zay de Jarny photo d’archives © Le Républicain Lorrain – Fred Lecocq

– Et ensuite ?

J’ai rejoint l’ex-région Lorraine en tant que contractuel sur un poste d’agent EBA (Équipements Bureautiques et Audiovisuels), et cela toujours au Lycée Jean Zay. Après cela, j’ai été lauréat du concours de Technicien Territorial Principal de 2e classe. Je me suis fait ensuite titulariser par la Région Grand Est sur mon poste actuel.

 

– Tu exerces un métier peu connu. Peux-tu nous en parler pour « éclairer nos lanternes » ?

En fait, il est peu connu parce que c’est un métier récent. Ainsi, les CMIL ont vu seulement le jour en Région Grand Est en 2017.

 

– Comment était auparavant la situation des infrastructures dédiées au numérique ?

Jusqu’alors, chaque lycée travaillait en autonomie, avec des AED (assistants d’éducation) ou des enseignants qui géraient son parc informatique. Chaque établissement était différent et possédait son propre système informatique. Du point de vue des réseaux, leur gestion était anarchique.

 

– Et à présent ?

La Région est en train d’uniformiser l’entièreté des parcs informatiques de tous ses lycées, allant de l’Alsace à la Champagne-Ardenne.

Lorsque la Région a repris la gestion du numérique, elle a créé les « CMIL » dans tout le Grand Est. Pour donner un chiffre, nous sommes actuellement cent personnes coordonnées par douze « CPCMIL » (Chef de Pôle Chargé de Maintenance Informatique des Lycées).

 

– Mais pourquoi douze chefs ?

C’est parce que la Région Grand Est se trouve découpée en douze territoires. Par exemple, le Lycée Darche est géré par la Maison de la Région Thionville/Longwy. Et cette même maison a en tout la charge de seize lycées. De fait, à l’agence territoriale de Thionville/Longwy, nous sommes sept CMIL avec un responsable.

La Région Grand Est

– Pourquoi cette idée de « territoires » que tu évoques ?

L’idée des territoires a pour objectif d’améliorer la proximité avec les usagers.

Avant la fusion des régions en 2014, toute l’activité était gérée par les Hôtels de Région dans chacune des régions, ce qui en complexifiait la gestion, la communication et l’efficacité.

 

– En quoi, ton travail consiste-t-il exactement ?

D’une part, je suis chargé d’assurer le maintien du bon fonctionnement du parc informatique du lycée, allant de la simple connexion Internet jusqu’à la connexion Wi-Fi de l’utilisateur.

D’autre part, je gère aussi les comptes informatiques des utilisateurs (agents de la Région, personnels administratifs, enseignants et élèves). Par ailleurs, je dois également m’assurer du bon fonctionnement du parc téléphonique. Je m’occupe aussi de la gestion, de la maintenance des serveurs et des pc fixes du lycée. Enfin, je peux aussi être amené à assister et accompagner les utilisateurs.

D’autres projets sont financés et mis en place par la Région et je suis aussi consulté pour mener à bien ces actions. Comme par exemple des projets de PPMS (NDLR : Plan Particulier de Mise en Sûreté), vidéosurveillance, gestion des accès à l’établissement… Comme la Région veut uniformiser tous les lycées, si un projet demande du réseau ou de l’informatique, je dois être le garant de cette uniformisation…

– Comment la Région peut-elle garantir la sécurité des données numériques ?

La Région Grand Est a récemment mis en place des systèmes de sécurité (serveurs d’anti-virus s’installant automatiquement sur tous les pc fixes des établissements, serveurs de mise à jour Windows mettant automatiquement à jour tous les pc fixes des lycées, systèmes permettant de sauvegarder toutes les données des utilisateurs).

 

– On a beaucoup parlé du « Lycée 4.0 » ces dernières années ; peux-tu nous en dire quelques mots, au regard de ton expertise ?

Sa mise en place a parfois été compliquée à ses débuts. À présent, tout est fonctionnel. Pour la plupart des utilisateurs, le Lycée 4.0 consiste seulement en la dotation d’un ordinateur mais en réalité, c’est un peu plus complexe que cela.

Il y a la mise en place du Wi-Fi qui exige des travaux assez lourds d’infrastructures et de réseaux. Il y a la gestion du Wi-Fi. Avec le 4.0, il y a l’installation des VPI (vidéos-projecteurs interactifs). Et il y a aussi tout ce qui relève des manuels numériques.

 

– Et par rapport au Lycée Darche, quelles ont été les difficultés rencontrées au cours de sa mise aux normes « Lycée 4.0 » ?

Au Lycée Darche, la première difficulté rencontrée a été l’épaisseur des murs (parfois 1,20 m entre les salles) pour la couverture Wi-Fi et leur hauteur (structure du plafond en voûte) pour la mise en place des VPI. De fait, on a dû augmenter le nombre de bornes Wi-Fi (quasiment une par salle) et baisser la hauteur des tableaux.

Après, il y a eu d’autres difficultés rencontrées aussi par les autres établissements (premières difficultés de mise en place, flux trop faible…). Pour pallier ces difficultés, la Région a entrepris des travaux conséquents afin d’apporter la fibre avec un débit porté à 200 mégabits par seconde : 200 Mb/s.

 

– Tu interviens depuis la rentrée 2018 au Lycée Darche pour toutes les questions évoquées dans cet entretien. Après toutes ces années, qu’évoque pour toi notre lycée ?

Même si le bâtiment est très atypique, j’aime beaucoup travailler dans cet établissement. Son architecture qui sort de l’ordinaire ne donne pas l’impression d’être dans Longwy. C’est vraiment très agréable de travailler dans un tel espace. Je trouve que l’ambiance familiale offre des avantages et de bonnes conditions relationnelles.

 

– Un grand merci à toi, Damien, pour ce témoignage riche sur le monde numérique du lycée ! Et le meilleur pour l’avenir, en « 4.0 » !

 

 

 

Entretien préparé et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber

les 10 et 14 novembre 2022

Un grand merci à Laurie Barnier pour son aide lors de l’entretien et à Stéphane Maire pour le « bon tuyau ».