On a retrouvé Alain Colnot !
On a retrouvé Alain Colnot ! Désormais en poste au lycée hôtelier Raymond Mondon de Metz et ce depuis septembre 2018, Alain Colnot y enseigne l’Organisation et la Production Culinaire. Ayant exercé pendant les deux dernières années au Lycée Darche, il avait obtenu sa mutation professionnelle en juin dernier. Du fait d’un manque de temps pour le faire, son interview n’avait pas pu être réalisée à l’époque. C’est à présent chose faite avec cette belle rencontre d’un « passionné raisonnable et raisonné » au parcours professionnel atypique à découvrir ci-dessous…
RESSOURCES HUMAINES
– Bonjour Alain, quel âge as-tu ?
Moins que ce que l’on pense par rapport à mes cheveux (rires) : ni 60, ni 50 mais 46 ans !
– Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?
J’ai d’abord commencé par un apprentissage en cuisine, puis une envie d’approfondir mes connaissances donc j’ai intégré un lycée hôtelier qui est celui dans lequel j’enseigne aujourd’hui ; le Lycée Raymond Mondon. J’ai terminé mes études avec un BTS « Art culinaire, art de la table et du service ».
Ensuite, cela a été la vie active à l’étranger avec une saison estivale effectuée en Espagne (Altea ; une station balnéaire située à côté de Benidorm sur la Costa Blanca) puis six mois passés au Luxembourg à Walferdange et enfin l’armée… C’était l’une des dernières années du service militaire en 1995. J’ai alors intégré Matignon à Paris au service du Premier ministre de l’époque ; M. Alain Juppé.
– Mais comment tu as pu entrer au service du Premier ministre ? Ça paraît incroyable !
Lors d’un stage professionnel effectué dans un restaurant à Lyon, le second de cuisine avait travaillé chez Paul Bocuse et lui-même venait d’accomplir son service national à Matignon, en tant que cuisinier. Dès lors, il m’a conseillé d’envoyer une lettre de motivation au chef exécutif des cuisines de l’Hôtel Matignon. Quelques semaines plus tard, un courrier aux armes de la France (rires) m’annonçait positivement ma prise de fonction pour décembre 1995. Durant cette période, j’ai été envoyé en mission pour un mois au service de M. Balladur à Deauville. Une anecdote à raconter : lors d’une soirée, esseulé, accoudé au comptoir dans un bar, je tourne la tête et je me retrouve côte à côte avec… Carlos (le chanteur) !
– As-tu d’autres souvenirs à raconter de cette période ?
Dans le cadre de cette année particulière, j’ai également travaillé avec un traiteur parisien reconnu : Potel et Chabot. Avec ce traiteur, j’ai pu rencontrer Mme Pompidou, j’ai fait la quinzaine du tournoi de tennis de Roland-Garros en juin 1996. Cela m’a notamment permis d’assister au dernier match du tennisman Henri Leconte et d’avoir également une mission à TF1 avec la préparation des repas destinés aux présentateurs de télévision (Claire Chazal).
Ensuite est venue une proposition d’emploi à l’étranger : j’avais le choix entre le consulat général de France à Hong Kong ou bien l’ambassade de France à Varsovie en Pologne.
– Et tu as choisi quoi ?
J’ai choisi l’ambassade de France à Varsovie – j’avais 24 ans – au service de l’ambassadeur – puisque j’ai toujours été attiré par les pays de l’Est… Je dois confier ici que durant mes années collège, j’ai rédigé beaucoup d’exposés sur l’histoire de la Russie et de la Pologne qui me fascinent. Je suis notamment passionné par la révolution bolchévique.
– Pour combien de temps es-tu resté en poste là-bas ?
Durant 12 ans à l’ambassade – j’y ai d’ailleurs côtoyé cinq ambassadeurs – et 3 ans dans le privé.
– Et quel y était ton quotidien ?
Je suis arrivé en tant que chef de cuisine (à la fin du mois de septembre 1996) et j’y ai évolué vers un poste d’intendant adjoint.
Mon quotidien consistait à réaliser les repas de l’ambassadeur et de sa famille mais j’étais également en lien direct avec les autorités françaises ou polonaises et d’autres pays – lors de visites artistiques, cultuelles, ministérielles ou d’État – comme par exemple Mme Simone Veil, Mme Carole Bouquet, Mme Patricia Kaas, M. Lionel Jospin, M. Nicolas Sarkozy, M. Jean-Pierre Raffarin, etc. sans oublier un moment fort de l’année qui était celui du 14 juillet avec l’organisation de la traditionnelle garden party pour le midi et le soir. Cela représente un nombre d’invités de 1 500 à 2 000 personnes pour le midi et le soir ainsi que l’organisation du bal le soir, en coopération avec la Chambre de Commerce et d’Industrie française.
– C’est une expérience professionnelle incroyable !
Oui, c’est un monde particulier que j’ai dû apprivoiser, décoder, afin de me fondre dans son milieu pour m’y sentir bien.
– Ton séjour en Pologne ne s’est limité qu’au service de l’ambassade de France ?
Non, j’ai également fait quelques télévisions en Pologne afin d’y promouvoir la cuisine française. J’ai ainsi pu collaborer à des émissions télévisées sur des chaînes polonaises (TVN).
– Cuisinier à l’ambassade de France et homme de médias en Pologne ! C’est tout ?
Non, via l’association Varsovie Accueil, j’ai été l’un des pionniers dans les cours de cuisine à domicile. Je présentais alors un repas aux épouses des diplomates, leur démontrant qu’elles pouvaient organiser un dîner ou une réception afin de recevoir au mieux leurs invités. J’avais alors intitulé mes cours : « la cuisine de réception et d’exception ». Cela se déroulait en général le samedi matin à leur domicile, on travaillait autour du concept : « un produit – trois plats », l’hôtesse offrait les boissons et les autres participantes présentaient par exemple une entrée ou/et un dessert. A 13 heures, tout le monde dégustait chaque plat proposé – aussi bien les plats réalisés sur place que ceux réalisés par les autres participants, ce qui créait un débat culinaire à la Bernard Pivot (rires) avec des échanges d’idées, de produits, etc !
Mais au bout d’un moment, j’ai eu l’impression d’être dans une certaine routine et je m’ennuyais, professionnellement parlant.
– Alors qu’as-tu fait ?
Avec une famille belgo-polonaise présente en Pologne depuis plus de 20 ans, qui avait ouvert des boulangeries-pâtisseries à la française, je les ai rejoints pour ouvrir la première brasserie à la française à Varsovie. C’était l’enseigne Batida. Ce projet professionnel a duré deux ans. A l’issue de cette expérience, avec un collègue français qui avait déjà ouvert des points chauds (boulangeries, pâtisseries et snacking), je l’ai accompagné dans son développement, en tant que directeur des opérations et au bout d’un an d’activités, trois magasins ont vu le jour à Varsovie, ainsi qu’un service traiteur haut de gamme et adapté aux présidents des grandes entreprises.
– Que s’est-il passé ensuite ?
Je commençais à avoir envie de revenir en France…
– Et donc ?
Le lycée hôtelier de Metz avec lequel j’étais resté en contact à travers mes anciens professeurs m’a téléphoné à Varsovie, me demandant ce que je faisais et si je ne voulais pas devenir professeur.
Ma décision fut aussi rapide que pour mon départ en Pologne ; au bout d’un mois et demi, j’avais réglé mes affaires polonaises courantes et je m’installais à Metz en 2011.
– Quelle a été la suite des événements ?
Je suis resté au Lycée Mondon durant trois mois jusqu’en mars 2011 puis j’ai fini l’année scolaire au Lycée privé Saint-André à Ottange (57).
– Pourquoi ?
J’étais remplaçant et mon contrat s’arrêtait tout simplement.
– Que s’est-il passé après ?
Sachant que je n’avais pas de poste pour septembre, j’ai travaillé au Luxembourg à Mondorf-les-Bains au Casino 2000 durant la période estivale et à la fin du mois d’août, le Lycée Stanislas de Nancy m’a proposé un poste à l’année.
Le « boulot » d’enseignant me plaisait et je me suis inscrit au concours du CAPLP OPC (organisation et production culinaire). Dès l’obtention de ce concours, j’ai dû quitter Nancy pour deux ans, destination Châlons-en-Champagne, au Lycée Étienne Œhmichen (du nom de l’ingénieur français inventeur de l’hélicoptère) pour deux ans. Ensuite, retour au Lycée Alain-Fournier à Metz pour un an puis Longwy au Lycée Darche pour deux ans et actuellement au Lycée Raymond Mondon à Metz…
Vous l’avez compris, j’ai la « bougeotte » (rires) !
– Quels souvenirs gardes-tu de ton passage au Lycée Darche ?
J’y ai découvert un lycée à taille humaine où il était très facile de se côtoyer et de savoir s’apprécier les uns les autres. J’en garde un très bon souvenir !
– Et bien Alain, un parcours étonnant que tu nous as livré ici ! Je te remercie vivement d’avoir accepté cette rencontre et je te souhaite le meilleur pour l’avenir !
Merci à Michel Mangenot d’avoir permis
cette rencontre au Lycée Raymond Mondon
Interview préparée et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber
le 13 novembre 2018
