« Tonton David » vient sensibiliser les élèves à la déficience visuelle
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M. David Bonnemberger est intervenu ce lundi 10 mars dernier auprès des élèves de 2nde Bac Pro ASSP C, D et E au Foyer du Lycée Darche, entre 8h et midi. Une intervention « très bon esprit » destinée à sensibiliser les futurs professionnels au handicap de la cécité. Ces derniers se sont montrés très émus et intéressés par un témoignage abordable, bienveillant, percutant, et rempli d’humanité ! Ce sont trois élèves de Terminale Bac Pro ASSP C ; Manon Lorange, Célia Meyer et Tissia Pereira qui avaient organisé cette heureuse initiative, dans le cadre de leur chef d’œuvre et sous la houlette de Monique Arnould, leur enseignante de STMS (sciences et techniques médico-sociales). Retour et explications à retrouver ci-contre…

Enfance marquée par une scolarité adaptée
M. David Bonnemberger a 56 ans cette année. C’est Célia Meyer (élève de Terminale Bac Pro ASSP) qui anime la présentation de son… oncle auprès de ses camarades ! Et pour cause ! David Bonnemberger est venu témoigner à l’initiative de… sa nièce Célia, et dans le cadre du projet du chef d’œuvre que les élèves de Terminale Bac Pro doivent mener et présenter durant leur année scolaire de fin d’études.

Originaire de Cosnes-et-Romain, à côté de Longwy, David Bonnemberger est atteint de surdi-cécité qui est une altération sévère de la vision et de l’audition ayant eu des répercussions dès les premières années de sa vie.
À l’âge de quatre ans et demi, il a dû quitter le cadre familial pour devenir interne en milieu clos, du dimanche soir au samedi, à l’institut des jeunes aveugles de Santifontaine, à Nancy, et ce du cours préparatoire jusqu’à la classe de 3e et l’âge de 14 ans. Il a ensuite intégré le lycée général et classique Georges de La Tour de Nancy doté d’une cellule dédiée à ses handicaps. Son baccalauréat ES en poche, il a poursuivi ses études avec l’obtention d’une licence de Gestion à l’IUT Charlemagne de Nancy.
Après s’être investi dans la gestion des risques psycho-sociaux en milieu professionnel, il aspire à développer son activité de sophrologue en milieu adapté et au service des aidants.
Pour revenir à l’institut des jeunes aveugles devenu par la suite le CEDV (centre d’éducation pour déficients visuels), il note qu’aujourd’hui, c’est plutôt le CEDV qui vient à l’école.


L’enseignement a évolué mais c’est aussi tout l’environnement qui s’est métamorphosé grâce aux nombreuses innovations technologiques. Citant l’association Valentin Haüy qui met des outils à disposition des non-voyants, il a montré aux élèves les dernières innovations (téléphone adapté, synthèse vocale, applications dédiées, afficheur braille donnant l’accès au numérique et facilitant la communication avec les voyants, étiquettes sonores) qui ont changé sa vie.
Rôle immense de l’auxiliaire de vie pour le quotidien
Saluant l’importance de la profession d’auxiliaire de vie, M. Bonnemberger a évoqué les besoins et les difficultés auxquels il fait face au quotidien. Il a toujours besoin d’avoir un « coup de mains ».
L’accompagnement, cela veut dire aider mais pas remplacer. « Mon handicap ne m’empêche pas de parler, je comprends très bien les choses et je veux être acteur dans ma vie. » Pour lui, « la personne qui accompagne doit rester dans sa posture d’aidant pour préserver toute l’autonomie ».
M. Bonnemberger insiste aussi sur la nécessité de dédramatiser les choses en face d’une situation de handicap. « Il faut pouvoir communiquer et ne pas avoir peur de poser des questions. Il faut sécuriser pour savoir comment aider la personne. » Concernant la communication avec la personne handicapée, il y a nécessité d’utiliser les bons mots et un vocabulaire concret et adapté. À ce titre, il donne l’exemple : « Bonjour David, c’est Célia. », ou bien encore, au lieu de dire : « Tiens, c’est là », il faudrait plutôt dire : « Tiens, c’est juste devant ta main gauche. »
L’auxiliaire de vie s’avère un métier indispensable pour le quotidien d’une personne déficiente visuelle.
« Présentes à ses côtés depuis son plus jeune âge pour l’aider à grandir, elles lui ont aussi permis de se reconstruire à l’âge adulte et de sortir de l’isolement en se réappropriant sa vie ». Elles l’accompagnent dans les besoins essentiels du quotidien mais aussi pour s’épanouir dans tous les loisirs (musées, cinéma, théâtre) activités sportives, randonnées, voyages.
Il fonde l’espoir qu’un jour, la présence suffisante d’auxiliaires de vie permette « de ne plus arracher les jeunes enfants de leurs familles et de maintenir à leur domicile les personnes dépendantes qui le souhaitent, pour préserver leurs repères et leur équilibre ».
Quelle posture adopter face au handicap visuel ?
Interrogé sur la nature des valeurs à transmettre aux jeunes se destinant aux métiers de l’aide à la personne handicapée visuelle, M. David Bonnemberger a répondu : « Être vrai, communiquer, y mettre du cœur et ne pas faire à la place de la personne. »

Les élèves ayant participé à cette intervention ont aussi pu participer à un atelier : « Canne blanche – parcours à l’aveugle » mis en place par Manon Lorange tandis qu’un autre stand « Touche et trouve » avait été organisé par Tissia Pereira. Une mise en situation découverte d’objets de la vie quotidienne (brosse à cheveux, gobelet, télécommande, enceinte Bluetooth, bijoux, déodorant, etc.).

Un énorme merci à M. David Bonnemberger pour sa générosité et ses quatre prises de paroles émouvantes d’une heure et consécutives tout au long de la matinée, face à nos jeunes avides d’apprendre !
Le saviez-vous ? L’écriture braille a 200 ans cette année !



Louis Braille, né le 4 janvier 1809 à Coupvray (Seine-et-Marne) et mort le 6 janvier 1852 à Paris, est un enseignant, inventeur et musicien français. En 1829, il invente un système d’écriture tactile à points saillants destiné aux personnes aveugles ou fortement malvoyantes : le braille.
Panthéonisé ! Les mains de Louis Braille sont conservées dans l’urne posée sur sa tombe et le reste de son corps repose au Panthéon de Paris depuis le 20 juin 1952, année du centième anniversaire de sa disparition.
Zoom ici pour tout savoir sur le braille : « Le braille » – Karambolage – ARTE : Ici
À Jean-Marie Briard
Mise en page, documentation, photographies, visuels Internet,
textes et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber
le 10 mars 2025