Jeux de mains au cinéma

 

Les Mains d’Orlac (1924), de Robert Wiene, La Main du diable (1943), de Maurice Tourneur, La Main au collet (1955), d’Alfred Hitchcock, des titres de films évocateurs du rôle prépondérant de la main au cinéma. Ce lundi 11 mars dernier, les élèves de 1ère Bac Pro ASSP D ont pu prendre leur pied lors de l’intervention de Yannick Sellier de Kinexpo centrée sur le thème des mains au cinéma. Un rendez-vous pris en écho avec la programmation du film J’ai perdu mon corps (2019) de Jérémy Clapin diffusé le mois dernier, à travers l’opération nationale Lycéens et Apprentis au Cinéma. On pouvait y voir le parcours d’une main cherchant à retrouver le corps dont elle avait été séparée. Allez, on met la main à la pâte et on vous raconte ces moments pédagogiques heureux !

 

 

Lundi 11 mars dernier, entre 10 h et midi, salle 102, Yannick Sellier de Kinexpo est intervenu auprès des 28 élèves de la classe de 1ère Bac Pro ASSP D, au sujet du thème des mains au cinéma. Vaste programme ! Au moyen d’un quiz portant sur ce motif, M. Sellier a pu citer de très nombreux films dont les scènes étaient en rapport direct ou indirect avec la représentation de la main et/ou de son rôle. Nous en rapportons d’ailleurs ci-dessous une filmographie non exhaustive produite par l’intervenant.

 

Pourquoi « tournage » ?

 

Le mot « tournage » provient du fait qu’aux débuts du cinéma, l’opérateur de la caméra était obligé de tourner la manivelle (présente sur les caméras jusqu’à l’avènement du cinéma sonore à la fin des années 1920), dans la phase de fabrication du film, appelée le « tournage ». Ce terme va s’imposer aussi bien en français qu’en anglais : to shoot (tourner), shooting (tournage).

Des extraits des films : Les Mains d’Orlac (1924), de Robert Wiene, L’Homme à la caméra (1929), de Dziga Vertov, ou encore Un chien andalou (1929), de Luis Buñuel (co-écrit avec Salvador Dali) ont permis aux lycéens de se plonger aux origines du cinématographe. Pouvoir tisser des passerelles avec les mouvements artistiques, cinématographiques et la littérature (le maniérisme en peinture, l’expressionnisme allemand et le surréalisme) et contextualiser dans l’histoire (la république de Weimar en Allemagne, la montée du nazisme…). Les ados ont ainsi pu constater que le cinéma d’aujourd’hui s’est nourri de ces premiers films.

 

 

 

La main comme personnage à part entière

Dans J’ai perdu mon corps (2019), de Jérémy Clapin, une main cherche à retrouver le corps dont elle a été séparée accidentellement. Ce film d’animation met en lumière les différents sens (le goût, l’odorat, la vue, l’ouïe et le toucher) et la main symbolise le futur du héros Naoufel tandis que l’ouïe renvoie à son passé empreint de nostalgie.

Les jeunes gens ont aussi pu visionner des extraits de la série télévisée en huit épisodes Mercredi (Wednesday) (depuis 2022), produite notamment par Tim Burton et visible sur la plate-forme Netflix. C’est une série de comédie horrifique et fantastique héritée de La Famille Addams… On a pu voir les effets spéciaux réalisés pour mettre en scène une main qui se promène dans un décor et on a parlé de littératures gothique et fantastique, de Mary Shelley et du mythe de la créature du Docteur Frankenstein…

 

La main qui fait peur

La main a souvent été un motif du cinéma d’horreur. Cela se traduit en particulier dans des films comme La Main (2022), de Danny et Michael Philippou. Ici, un groupe d’adolescents découvre le moyen d’entrer en contact avec le monde des esprits grâce à une main embaumée dont la règle principale est de ne pas tenir la main plus de 90 secondes. L’expérience devenue virale sur les réseaux sociaux, le personnage de Mia décide de tester l’expérience mais les conséquences vont être bien plus violentes et terrifiantes que prévu. C’est un film sur « des ados pas sympas qui filment des trucs pas sympas » ! Ici, l’un des personnages souhaite rester en lien avec sa mère décédée. Cette œuvre montre notamment la force du contact… Un film effrayant avec des références empruntées à La Belle et la Bête (1946), de Jean Cocteau !

 

Des mains culte et fragiles !

 

Celles de Robert Mitchum, dans La Nuit du chasseur (The Night of the Hunter) (1955), de Charles Laughton… Harry Powell, un révérend dont les doigts sont tatoués avec les lettres « LOVE » (main droite) et « HATE » (main gauche) y est un prêcheur inquiétant qui s’en sert pour séduire les crédules et les faire adhérer à sa religion… Ces mains ont influencé des générations d’artistes, en particulier dans la culture rap !

Avec le film Casino (1995), Martin Scorsese convoque la fameuse loi du talion… Robert De Niro y est éclairé au moyen d’une lumière divine, avec un résultat iconoclaste et ironique… et les tricheurs aux cartes sont châtiés de manière exemplaire par les membres de la mafia qui contrôlent l’établissement de jeux. On n’en dira pas davantage afin de ne pas choquer les âmes sensibles…

 

Un échantillonnage éclectique

Les élèves ont aussi pu découvrir la place de la main dans les films d’arts martiaux portés par Bruce Lee entre les années 1950 et 1970… et plus tard dans des films comme Tigre et Dragon (2000), de Ang Lee. Ces films contiennent d’impressionnantes chorégraphies de combat ! Yannick Sellier a aussi parlé de Spider-Man (2002), du facétieux Sam Raimi et de certaines scènes parfois à double, voire à triple lecture… Ici la découverte de ses nouveaux pouvoirs par le jeune Peter Parker campé par Tobey Maguire. On peut aussi penser à une sorte de « Tarzan raté », à le voir tenter de projeter ses fils par-dessus les immeubles de la ville !

 

Il a aussi été exploré le film Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands) (1990), de Tim Burton avec le personnage éponyme incarné par Johnny Depp. Dans cette œuvre, le héros est un personnage inadapté à la société parce qu’handicapé par ses mains en forme de ciseaux. Mais celles-ci peuvent aussi servir à créer… ce qui alors le valorise ! Enfin, des scènes du film Hiroshima, mon amour (1959), d’Alain Resnais et sa manière sensuelle de filmer les corps nus des deux amants joués par Emmanuelle Riva et Eiji Okada.

Au final, les lycéens ont beaucoup apprécié l’intervention de Yannick Sellier sur le thème original des mains au cinéma ! Ce rendez-vous leur a permis de tisser des liens avec d’autres programmes comme l’Histoire ou le Français… Preuve que le cinéma est un art aux multiples vertus pédagogiques qui a toute sa place à l’École ! Un très grand merci à Yannick Sellier.

 

 

 

 

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Photographies, visuels Internet, textes

et mise en page par Jean-Raphaël Weber