Être AESH en ULIS… quèsaco ? Un portrait de Faiza Daghmous
La dame a rejoint les rangs des personnels éducatifs du Lycée Darche en septembre dernier, au sein de la classe ULIS (« unité localisée pour l’inclusion scolaire »). Faiza Daghmous a gentiment accepté l’invitation à un entretien très instructif dont on peut lire ci-dessous le contenu. Un zoom sur un métier peu connu de l’Éducation nationale ; celui d’AESH ou accompagnant des élèves en situation de handicap.
RESSOURCES HUMAINES
– Bonjour Faiza, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Faiza Daghmous, j’ai 34 ans et j’habite dans le quartier du Plateau à Mont-Saint-Martin.
– Quel est ton parcours ? Qu’as-tu suivi comme études ?
Je viens d’Algérie, plus précisément d’Alger où je suis née. J’y ai obtenu un bac L, puis j’ai poursuivi des études pour obtenir une licence de Communication en Algérie. Arrivée en France en 2008, j’ai fait valider mes diplômes. Par la suite, j’ai suivi une formation en bureautique par l’intermédiaire du Greta de Longwy.
– Pourquoi as-tu choisi d’être AESH ? Comment es-tu arrivée à ce poste ?
Je suis arrivée là un peu par hasard en tant que AESH… Au départ, il y a dix ans, j’avais postulé pour un poste d’AED au collège Albert Lebrun de Longwy et lorsque j’ai été reçue pour l’entretien par l’enseignant référent du secteur, Philippe Spillmann, ce dernier m’a parlé d’un poste d’AVS (auxiliaire de vie scolaire), à pourvoir dans une école spécialisée de la région. C’était l’École de Plein Air Albert-Jacquard à Haucourt-Moulaine.
Et c’est là qu’a commencé mon parcours professionnel où j’ai eu l’opportunité de travailler avec Denis Renard, un enseignant spécialisé, avec qui j’ai appris beaucoup. L’école devait fermer à la fin de l’année scolaire et j’ai été nommée à la rentrée suivante en CLIS (classe pour l’inclusion scolaire) à l’école primaire Paul Mansard de Longwy. Je précise que ces CLIS sont désormais appelées : « ULIS école ». Le sigle ULIS signifie littéralement : « unité localisée pour l’inclusion scolaire ».
J’y ai travaillé deux années durant avec le même enseignant spécialisé et par la suite, j’ai décidé de postuler pour une ouverture de poste en ULIS collège, à Albert Lebrun à Longwy. J’y ai travaillé durant six années.
– Comment es-tu arrivée parmi nous ?
Finalement, on m’a proposé en juin dernier le poste d’AESH collectif au Lycée Darche.
– Peux-tu nous expliquer ce que renferme le sigle, la fonction d’AESH et aussi les modalités nécessaires pour pouvoir postuler à un tel poste aujourd’hui ?
« AESH » ça veut dire : « accompagnant des élèves en situation de handicap » mais il existe plusieurs types d’AESH…
– Ah bon ?
Oui ! Il y a les AESH individuel, collectif et mutualisé ! L’AESH collectif est amené à travailler en école, au collège ou en lycée. Il a la spécificité de pouvoir accompagner tous les élèves du dispositif ULIS. En revanche, l’AESH individuel va se trouver dans une classe ordinaire et s’occuper d’un seul élève, et on peut parfois le trouver dans les dispositifs ULIS mais il a comme vocation première de ne se consacrer qu’à un seul élève.
Et l’AESH mutualisé peut prendre en charge plusieurs élèves, soit dans la même classe, soit dans plusieurs classes différentes.
Aujourd’hui, les conditions de recrutement ont changé. Pour postuler en tant qu’AESH, il faut obligatoirement être titulaire du diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DEAES) option « inclusion ».
– À bien y réfléchir, c’est un travail relativement précaire…
Oui, les AESH demeurent des emplois précaires, au même titre que les assistants d’éducation sauf que contrairement à ces derniers, au bout de six années consécutives d’exercice, les AESH peuvent prétendre à un CDI.
– Présente-nous la section ULIS du Lycée Darche…
En général, le dispositif ULIS a pour objectif de faciliter l’orientation vers un CAP public prioritaire. Le nombre d’élèves inscrits y est réduit. Au Lycée Darche, le dispositif accueille dix élèves âgés de 15 à 16 ans. Ils proviennent tous de classes de 3e ULIS collège. Ils disposent d’une année pour travailler leur projet professionnel, en effectuant des stages en entreprises, des immersions dans les lycées professionnels du bassin, avec un débouché sur un CAP pour l’année suivante.
– En quoi consiste ton travail au sein de la section ULIS du Lycée Darche ?
Ma mission est définie par le projet personnalisé de scolarisation de l’élève. J’aide à l’accueil des élèves. Que ce soit dans le dispositif ou en inclusion, j’interviens sous la responsabilité pédagogique d’Annie Mouriaux – la coordonnatrice du dispositif – durant leur temps scolaire et des enseignants qui les accueillent en inclusion. Tout dépend alors du profil et des besoins spécifiques et du projet de l’élève. Concrètement, c’est par exemple en reformulant et en réexpliquant les consignes de l’enseignant, en accompagnant les élèves dans les établissements dans lesquels ils font leur inclusion scolaire.
– Est-ce que cette fonction te plaît ?
Oui, j’aime bien mon métier à travers lequel, je me sens utile. J’éprouve du plaisir à constater les progrès d’un élève sur une année scolaire, à remarquer qu’il a gagné en autonomie.
– As-tu un loisir particulier, des hobbies ?
Je dois avouer que j’aime bien cuisiner ! Récemment, dans le cadre d’un accompagnement d’un élève du dispositif, j’ai eu la chance d’aller en TP Cuisine avec le chef Sanlis et cela m’a permis de renforcer mes acquis et d’avoir davantage d’idées de plats à cuisiner ! Être en poste au lycée Darche procure certains avantages ! (rires).
– Quand on évoque le Lycée Darche, y a-t-il des mots qui te viennent spontanément à l’esprit ?
Il y en a un qui vient instantanément, c’est le mot : « cuisine ». Lorsque je travaillais au collège Albert Lebrun de Longwy, j’accompagnais souvent des élèves pour les encadrer durant le temps de midi. Nous déjeunions alors à la restauration scolaire… J’ai d’ailleurs longtemps pensé que c’étaient les élèves qui cuisinaient pour la cantine !
– Un grand merci Faiza pour cette belle rencontre et ce témoignage sur ton métier !
Pour accéder à la fiche : « Devenir accompagnant des élèves en situation de handicap », sur : education.gouv.fr, cliquer sur : ici
Interview préparée et propos recueillis par Jean-Raphaël Weber
le 13 décembre 2019
