S’évader avec « Le Voyage de Chihiro »

Et c’est reparti pour une nouvelle saison cinématographique avec Lycéens et Apprentis au Cinéma ! Premier film programmé cette année : Le Voyage de Chihiro (2001), de Hayao Miyazaki… Univers des mangas et plongée au cœur de la culture japonaise avec une œuvre relevant à la fois du drame, du fantastique et de l’aventure ! Un rêve pour les enfants et une féerie pour les adultes !

Un film d’animation primé de nombreuses fois pour ses multiples qualités esthétiques et de mise en scène.

Les heureux élèves inscrits dans le dispositif Lycéens et Apprentis au Cinéma ont pu visionner ce film le vendredi 18 octobre dernier – au cours de la matinée – au cinéma Kinepolis de Longwy.

Ce matin-là, dans la salle n°7 du complexe cinématographique, ce sont 87 élèves du Lycée Darche qui ont vu le film avec leurs enseignants accompagnateurs. Après une brève présentation de l’œuvre et de son auteur, le public a pu visionner le film et les lycéens ont ensuite dû répondre à une évaluation de « lecture », concernant l’histoire racontée et les différents personnages.

Comme pour tous les films au programme du dispositif Lycéens et Apprentis au Cinéma, il y a ici matière à trouver des prolongements pédagogiques en Français, en Histoire, en Géographie ou en Arts appliqués.

• Retrouver la très belle bande-annonce du film Le Voyage de Chihiro en VOSTF, en cliquant :  ici

Un miroir de la société japonaise

Très beau film d’animation, Le Voyage de Chihiro véhicule aussi plusieurs discours en lien direct avec la société actuelle, de sorte qu’il apparaît comme un film engagé.

Comme très souvent chez Miyazaki, les femmes revêtent des rôles importants. Le Voyage de Chihiro aborde lui aussi la place des femmes. La société japonaise est une société misogyne avec de gros écarts de salaires entre hommes et femmes et un droit de vote des femmes obtenu seulement en 1947. Dans le film, les rôles sont souvent inversés. Miyazaki se débarrasse des clichés, avec des personnages non conformistes comme celui de la sorcière Yubaba qui incarne une figure d’autorité, pouvant même éprouver des sentiments. Chez le réalisateur, il n’y a pas de personnages manichéens, pas de gentils et de méchants mais des figures en demi-teintes.

Et Le Voyage de Chihiro traite également de l’écologie. Après la Seconde Guerre mondiale au Japon, la reconstruction a vu se développer le bétonnage du pourtour des îles. Les Japonais ont un rapport particulier à la nature (shintoïsme). Hayao Miyazaki considère que sa société a eu un rapport particulier avec la nature et qu’elle en a perdu une partie de son âme. Il dénonce cela à travers son film, surtout à destination du public japonais. Ainsi pense-t-il que si l’humanité était confrontée à un gros cataclysme, cela lui permettrait de remettre un peu les choses en équilibre, les compteurs à zéro. cf. la séquence de l’esprit putride qui prend le bain…

Le Voyage de Chihiro questionne également sur le rapport au travail. On y observe que les personnages travaillent toujours en groupe, et même s’ils s’houspillent parfois, ils s’entraident malgré tout. cf. les petites créatures de suie transportant les charbons de bois…

Le film propose aussi un zoom sur la « société contemporaine prédatrice »… L’intérieur de la demeure de la sorcière Yubaba fait penser à un décor néo-colonial. Yubaba incarne la figure du capitalisme et de l’exploitation. On la devine régulièrement en train de faire ses comptes. Peut-être faut-il y voir l’idée que le travail fait perdre son identité à la personne qui travaille !

L’un des personnages du film – le fantôme Sans-Visage – vomit de l’or. Il y a dans le film plusieurs figures de l’exploitation comme la cupidité, la volonté d’en amasser toujours davantage ! Idem pour la nourriture qui est l’un des motifs récurrents du film.

À travers tous ces aspects, Le Voyage de Chihiro se présente comme une sévère critique de la société de consommation. À voir et à revoir…

Une évaluation de « lecture » sur Chihiro

Le document présenté ci-dessous est un exemple d’évaluation de « lecture » qui peut servir à valoriser les élèves ayant été attentifs lors de la projection. Il peut aussi servir comme « point d’ancrage », afin de revenir par la suite sur différents aspects du film à expliciter.